Un fait commençait à s’imposer dans la réalité politique de Créteil: la République en Marche (LREM) souhaite soutenir Laurent CATHALA, maire sortant PS, qui se présente pour un huitième mandat après 42 ans d’exercice du pouvoir et qu’elle juge macronpatible. Cela ne se fera pas au premier tour car un candidat est désormais désigné par LREM mais les alliances peuvent se nouer au 3ème tour !
En effet, dans un article de «94 citoyens» publié le 15 janvier 2020, Laurent CATHALA regrette que les discussions avec la LREM n’aient pu aboutir sur une alliance au premier tour du fait du blocage du PCF. Cependant, il ne renonce pas au grand écart en espérant faire l’union, «même au 3ème tour».
Il faut préciser que l’élection du maire se fait lors du premier conseil municipal par les conseillers municipaux suite à leur élection dans le cadre du second tour des élections municipales. Laurent CATHALA indique ainsi qu’il souhaite être élu par une majorité comportant des élu·e·s de la LREM. Le maire veut aussi garder la présidence du territoire Grand Paris Sud Est Avenir (GPSEA), qu’il avait gagné avec la droite, en s’appuyant sur une alliance avec LREM.
Cette déclaration constitue un événement politique majeur dans la ville-préfecture du Val-de-Marne de plus de 90 000 habitants. Alors que la mobilisation contre le projet de réforme des retraites d’Emmanuel MACRON dépasse désormais les 40 jours de grève avec un soutien toujours majoritaire dans la population, Laurent CATHALA choisit son camp … d’ailleurs pas un mot de soutien aux vœux du maire et on l’attend toujours sur le dépôt RATP de Créteil !
Des indices concordants laissaient présager ce scénario étonnant, en apparence tout du moins.
En effet, en 2017, Laurent CATHALA n’a non seulement pas appelé à voter pour le candidat de la France Insoumise en lice au second tour mais n’a même pas appeler à battre le candidat de Macron.
Dans la droite ligne du parti socialiste, la gauche est trahie à Créteil.
En juin 2019, le nouvel élu LREM Jean-François MBAYE rejoint un collectif Social Démocrate avec une vingtaine de députés de la majorité qui prétendent que la majorité n’est pas «ni de gauche, ni de droite», mais «et de gauche, et de droite»! La constitution d’une aile «gauche» d’En Marche apparaît maintenant clairement comme un outil pour ratisser large lors des élections municipales. En effet, en l’absence d’une implantation locale importante, la République en Marche cherche à attirer vers elle des maires LR et PS compatibles.
Depuis, les amabilités entre le député Jean-François MBAYE et Laurent CATHALA sont permanentes et revendiquées. Normal nous direz-vous quand le premier n’a été élu que grâce au second.
Des bruits couraient au sein d’En Marche Créteil, confirmant la volonté de certains de s’allier avec le maire sortant et selon eux, celle de Laurent CATHALA de compter sur leur force, sans en dire un mot à la population.
Il faut souligner que les résultats électoraux du PS s’effondrent aussi à Créteil et préciser que le PS est systématiquement derrière la France Insoumise depuis les présidentielles. Les résultats des élections européennes ont montré que LREM disposait d’un électorat conséquent sur la ville. Il faut donc bien trouver des voix quelque part…
Quelles seraient les contreparties d’un tel accord de «3ème tour»entre Laurent CATHALA et la République en Marche ? Il y a fort à parier que ce qui se joue, c’est la succession du maire sortant. Ainsi, si le maire de Créteil était réélu et qu’il décide de ne pas rester jusqu’à la fin de son mandat, quelle sera la couleur politique de son remplaçant ?
C’est en définitive l’ordre établi, anti-démocratique, anti-social, anti-écologique, qui ressortirait gagnant d’un tel accord contre-nature. Emmanuel MACRON mettrait la main, par ce tour de passe-passe, sur la ville-préfecture du dernier département réellement de gauche en France. Quelle ironie cruelle !
La possibilité même de ce scénario découle de nombreux renoncements idéologiques du maire sortant. Pour preuve : le soutien à la suppression du repos dominical des salariés de Créteil Soleil, l’abandon de l’intérêt général au profit de multinationales pour la gestion de l’eau et des déchets, l’inaction face aux fermetures de classes et aux attaques contre le service public de la santé ou encore le refus de mettre en place l’encadrement des loyers pour protéger les locataires de Créteil contre la spéculation immobilière…
Les cristoliennes et les cristoliens, attaché·e·s à l’identité populaire de leur ville et à sa tradition émancipatrice, ne pourront pas accepter ces manœuvres faites dans leur dos. A nous de construire, avec les habitantes et habitants de Créteil, l’alternative qui permet de faire barrage à ce projet !
En ce sens, avec Thomas DESSALLES comme tête de liste, nous soutenons la liste citoyenne “Créteil, l’avenir en commun” pour porter l’ambition écologique et sociale aux élections municipales de Créteil. Il en va de l’avenir de notre ville et de ses habitant·e·s.
Créteil, le 17 janvier 2020