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Missak Manouchian, héros de la résistance, fusillé au Mont-Valérien le 21 février
1944, entrera au Panthéon le 21 février accompagné de son épouse Mélinée.
Nous nous associons, à cette occasion, à l’hommage rendu à tous les résistants,
femmes et hommes.
Que représente la panthéonisation de Manouchian ? Qui est ce héros de la
résistance ? Que symbolise-t-il dans un contexte où les idées de l’extrême droite
se banalisent et permettent l’existence d’une loi immigration indigne ?
Missak Manouchian est un ouvrier et poète arménien immigré en France, leader
du groupe de 23 résistants étrangers fusillés par les Allemands en 1944, appelé
« Groupe Manouchian », en raison de leur appartenance aux FTP-MOI (Francs-
tireurs et partisans – Main-d’œuvre immigrée) qui résistent à l’occupation
allemande.
Il est né en 1906 dans le village d’Adiyaman (Empire ottoman) ; survivant du
génocide arménien, il traverse avec son frère la méditerranée en 1924 et arrive
à Marseille. Il rejoint Paris où il exercera différents métiers dont celui d’ouvrier
chez Citroën mais la crise provoque son licenciement. Passionné par la littérature
arménienne et française, il fréquente les bibliothèques, suit des cours en
auditeur libre à la Sorbonne et fonde une revue littéraire.
Missak Manouchian adhère au Parti communiste et rejoint également la section
française du Comité de secours pour l’Arménie, une organisation liée à
l’Internationale communiste. Il y rencontre Mélinée Soukémian dont les parents
ont également péri dans le génocide. En France, Missak et Mélinée sont des
apatrides munis du « passeport Nansen » qui leur confère un statut de réfugié
politique.
En février 1943, il intègre l’organisation clandestine FTP-MOI, branche militaire
de la MOI, alors seul groupe résistant à mener des actions de lutte armée contre
l’occupant à Paris. Missak Manouchian a sous ses ordres une cinquantaine de
militants. Dans ce groupe de combattants armés, on trouve toutes les
nationalités, dont des arméniens, des hongrois, des polonais, des roumains ou
des bulgares, ou encore beaucoup d’italiens. Parmi les combattants venus
d’Europe centrale, beaucoup étaient juifs.
Le 16 novembre 1943, Manouchian et ses camarades sont arrêtés, torturés et
livrés aux Allemands. Les francs-tireurs du « groupe des 23 » (22 hommes, dont
Manouchian, et une femme, Golda Bancic) sont condamnés à mort devant une
cour militaire allemande réunie à l’Hôtel Continental. Le grand procès de ce qu’on
appellera après la guerre le groupe Manouchian s’ouvre le 15 février 1944. En
parallèle, la propagande allemande réalise via une officine collaborationniste
française une affiche représentant 10 des 22 hommes arrêtés (dont
Manouchian), et listant les crimes dont ils sont accusés.
Le 18 février 1944, les 23 membres des FTP-MOI sont condamnés à mort. Les 22
hommes sont fusillés le 21 février dans la clairière du Mont-Valérien. Olga Bancic
est déportée et guillotinée en Allemagne.

La célèbre AFFICHE ROUGE

Cette affiche de propagande allemande a été conçue pour faire de la résistance
un mouvement terroriste animé par des « métèques » et des « judéo-
bolcheviques ».
Arguant de leurs origines étrangères, qui sont systématiquement mentionnées
comme facteurs d’identification, elle cherche à attiser ainsi un rejet antisémite et
xénophobe au sein de la population.
On peut voir sur cette affiche, les visages inquiétants de 10 hommes dépeints
comme des criminels. Sous leur portrait, on lit leurs noms à consonance
étrangère, leurs origines « juifs hongrois, communiste italien, arménien… » et le
nombre d’attentats supposément commis. Les photos disposées en forme de V
avec Manouchian présenté comme le « chef de bande » de ces dangereux
criminels débouchent sur des photos de trains déraillés, d’armes confisquées et
de corps criblés de balles. Un slogan « La Libération ! Par l’armée du crime » vient
achever la criminalisation de ces résistants à l’occupation allemande.
Le fond rouge joue sur le double registre ; communistes et
assassins sanguinaires.
Lors du procès du « groupe Manouchian », l’armée d’occupation allemande
placarde des milliers d’exemplaires de cette affiche dans Paris pour les diaboliser.
Mais cette propagande allemande produira l’effet contraire puisque des mains
anonymes déposent des fleurs au pied de ces affiches ou collent dessus des
bandeaux où l’on lit « Des martyrs », « Oui ! l’armée de la résistance ».
Cette propagande allemande est donc totalement ratée.
La panthéonisation de Manouchian est importante car elle permet de mettre en
lumière et reconnaître la participation des résistants étrangers qui se sont battus
pour libérer la France de l’occupation allemande.
Cette instrumentalisation scandaleuse par notre président témoigne de sa
volonté de chercher à rallier les électeurs de gauche alors même qu’il mène une
politique demandée par l’extrême droite en ratifiant la loi immigration. Cette loi
est totalement contradictoire avec l’hommage rendu à Manouchian et ses
camarades. Nous dénonçons cette instrumentalisation macroniste de la figure
de Manouchian qui vise à masquer la stratégie de banalisation des idées
nauséabondes menée par notre gouvernement. N’oublions jamais que c’est le
camp de Le Pen qui a assassiné les résistants !