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La colère gronde dans le pays, nourrie chaque jour par une politique d’une grande violence contre le monde du travail, contre les classes moyennes et populaires. Plans de licenciements massifs dans l’industrie, casse accélérée des services publics et mépris affiché pour les agents, salaires et retraites ne permettant plus de vivre dignement, mort programmée de nombreuses exploitations agricoles et stigmatisation des personnes issues de l’immigration : cette course à l’abîme doit s’arrêter, maintenant.

Comment, dans la situation de notre pays, accepter l’injustice et l’irresponsabilité supplémentaire du budget proposé par Michel Barnier ? Nous nous y refusons. C’est pour être à la hauteur des besoins et des attentes de changement que les parlementaires du Nouveau Front populaire (NFP) ont porté des propositions ambitieuses, qui ont réussi à rassembler au-delà de notre seule coalition pour construire des majorités et aboutir à un budget plus juste socialement et moins nocif économiquement.

Le budget ainsi profondément transformé à l’Assemblée nationale sous notre impulsion permettait d’améliorer les conditions de vie de la très grande majorité des Français en faisant reposer l’effort sur les seuls plus fortunés et les plus grandes entreprises, largement choyés pendant les sept années de présidence d’Emmanuel Macron.

Retour à la case départ

Il permettait en outre de réduire le déficit public abyssal laissé en héritage par le camp présidentiel et de dégager des marges de manœuvre budgétaires pour financer les grandes priorités du pays. Ainsi se serait-on enfin donné les moyens d’éviter de dégrader encore davantage les services publics et d’améliorer le quotidien du peuple français !

Pendant le débat budgétaire, Marine Le Pen aura révélé la vraie nature de son projet en devenant la béquille du macronisme. Le peuple est prévenu : il n’y a rien à attendre du Rassemblement national (RN), qui se range du côté des macronistes et refuse d’augmenter les prélèvements sur les plus grandes entreprises, les très grandes fortunes et la spéculation financière pour financer les services publics. Les masques sont tombés !

Et ceux qui, à dessein, caricaturaient le NFP de ne vouloir que son programme auront finalement refusé tout compromis sur leur projet de loi de finances, malgré les accords trouvés au fil de l’eau. L’alliance finale de la Macronie, de la droite et du RN a conduit au rejet de ce budget en première lecture à l’Assemblée nationale.

La conséquence de ce vote est l’examen par le Sénat, non pas du projet de budget amendé dans le cadre du travail parlementaire, mais du projet de budget initialement proposé par le gouvernement. Ce retour à la case départ, s’il se confirme à l’issue du débat sénatorial, aura pour effet de rendre encore plus difficile la vie des catégories populaires et moyennes. Il frappera les retraités, y compris modestes, les fonctionnaires et se traduira par une hausse des taxes sur l’électricité.

Croissance en berne

Il conduira également à une nouvelle dégradation des services publics, déjà exsangues. Ainsi, malgré les alertes des soignants, la situation sera encore plus sensible dans les urgences à l’été 2025. La suppression de 4 000 postes de professeurs dans les classes sera confirmée. Les collectivités locales verront leurs budgets décroître, avec, pour conséquence, la baisse de l’investissement public, pourtant indispensable aux politiques d’adaptation des territoires au changement climatique et au bon fonctionnement des services publics locaux.

Enfin, ce budget se traduira par une très forte détérioration de la situation économique du pays, alors que se multiplient les annonces de suppression d’emplois et de faillite d’entreprises et qu’une crise sociale est en train de naître partout sur notre territoire. Ainsi, là où les propositions portées par le NFP permettaient de stimuler notre économie, l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) estime que ce budget amputera la croissance de près de 1 point en 2025 s’il devait être adopté dans sa version actuelle.

Pour toutes ces raisons, nous souhaitons alerter ensemble l’opinion publique et prévenir le gouvernement de Michel Barnier. S’il s’entête à vouloir contourner le Parlement et à piétiner le vote du 7 juillet des Françaises et des Français pour imposer son budget par 49.3 comme il l’a annoncé, nos groupes parlementaires déposeront une motion de censure. Avec un objectif simple : protéger nos concitoyens de l’impact d’un budget qui n’ouvre pas la voie à un nouvel avenir pour le pays mais prolonge la casse sociale, l’irresponsabilité écologique et la brutalité antidémocratique.

Manuel Bompard est député de Marseille, coordinateur national de La France insoumise ; Lucie Castets, haute fonctionnaire, est candidate Nouveau Front populaire à Matignon, membre du collectif Nos services publics ; Olivier Faure est député de Seine-et-Marne, premier secrétaire du Parti socialiste ; Fabien Roussel est secrétaire national du Parti communiste français, conseiller municipal à Saint-Amand-les-Eaux (Nord) ; Marine Tondelier est secrétaire générale des Ecologistes, conseillère régionale des Hauts-de-France et conseillère municipale à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais).