Nous avions déjà dénoncé en fin d’année dernière le silence de M. Laurent Cathala, maire de Créteil, sur les milliers de morts en Palestine. Alors qu’actuellement il y a près de 30 000 civils tués à Gaza, il n’a toujours pas plus de considération pour les femmes et enfants massacrés sous les bombardements de l’armée israélienne. Dans ses vœux aux personnalités pour l’année 2024, retranscrits dans le journal municipal de Créteil « Vivre Ensemble », le maire balaie une nouvelle fois cette terrible réalité en évoquant « la guerre au Proche-Orient » sans plus de précisions.
Il n’a pas un mot pour les milliers de civils palestiniens tués sous les bombes.
Cette position est malheureusement relayée par notre gouvernement et les médias de l’ordre établi qui se sont particulièrement illustrés ces dernières semaines pour invisibiliser les massacres perpétrés dans la bande de Gaza depuis plus de 100 jours.
Pourtant, saisie par l’Afrique du Sud, la Cour Internationale de Justice (CIJ) a rendu son verdict le 26 janvier 2024. L’arrêt de la CIJ ordonne six mesures conservatoires pour éviter un génocide du peuple palestinien : Israël doit notamment s’abstenir de commettre des actes entrant dans le champ d’application de la Convention sur le génocide de 1948, prévenir et punir l’incitation directe et publique à commettre le génocide et prendre des mesures immédiates et efficaces pour permettre la fourniture de l’aide humanitaire à la population civile de Gaza.
La définition actuelle du génocide est exposée à l’article II de la Convention sur le génocide :
« Le génocide s’entend de l’un quelconque des actes ci-après, commis dans l’intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel : (a) Meurtre de membres du groupe ; (b) Atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ; (c) Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ; (d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ; (e) Transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe »
Sur ce fondement et sans se prononcer à ce stade sur le fond, la CIJ a ses mots terribles dans son considérant 66, même dans la langue juridique du droit international qui pèse ses mots :
« 66. À la lumière des valeurs fondamentales que la convention sur le génocide entend protéger, la Cour considère que les droits plausibles en cause en l’espèce, soit le droit des Palestiniens de la bande de Gaza d’être protégés contre les actes de génocide et actes prohibés connexes visés à l’article III de la convention sur le génocide et le droit de l’Afrique du Sud de demander le respect par Israël de ses obligations au titre de cet instrument, sont de nature telle que le préjudice qui leur serait porté pourrait être irréparable »
Depuis, rien n’a évolué dans le bon sens au niveau international, au contraire la situation pour les palestiniens s’aggrave puisque plusieurs pays, dont les États-Unis, ont coupé les financements de l’UNRWA, agence de l’ONU présente à Gaza et pourtant seule institution capable d’aider à la survie du peuple palestinien. Pire, les autorités israéliennes souhaitent engager une opération militaire d’ampleur à Rafah où se concentre désormais la moitié de la population palestinienne, soit 1,4 million de gazaouis dans une très grande vulnérabilité.
Des mesures fortes sont néanmoins possibles et nécessaires pour imposer un cessez-le-feu. Aucun pays européen, en premier lieu la France, ne doit plus livrer d’armes à l’État d’Israël. Des sanctions économiques et diplomatiques peuvent être envisagées : l’accord d’association entre l’Union Européenne et Israël doit être dénoncé. Manon Aubry, députée européenne de la France Insoumise, a déposé une résolution en ce sens au Parlement européen. Il faut aussi exiger la libération des prisonniers palestiniens emprisonnés sans jugement en Israël. Malheureusement, le Conseil Européen reste pour l’instant sourd à ces revendications de paix. De plus, lors que la France présidait le Conseil de sécurité des Nations Unies au mois de janvier, Macron n’a pris aucune initiative sérieuse pour obtenir une résolution exigeant le cessez-le-feu.
De retour de Rafah (à la frontière entre l’Égypte et la Palestine), où l’aide humanitaire passe au compte-goutte, les député.e.s de la NUPES ont lancé un cri d’alarme pour exiger un cessez-le-feu immédiat et permanent. Ces derniers ont constaté le blocage de nombreux camions humanitaires. Eric Coquerel, député LFI, a souligné, une fois de retour en France, dans la conférence de presse du 6 février, que ce n’était pas le Hamas qui disparaissait sous les attaques continuelles d’Israël mais le peuple palestinien.
Les victimes israéliennes du massacre du 7 octobre, dont une jeune femme originaire de Créteil, auxquels nous avons toutes et tous rendu un hommage national le 7 février, ne reviendront pas et rien ne peut justifier cette riposte aveugle et génocidaire que nombre de familles israéliennes endeuillées condamnent également. D’ailleurs, nous demandons aussi avec leurs familles, la libération immédiate des otages. Netanyahou n’en a que faire et ne pense qu’à sa survie politique par la guerre et les crimes contre l’humanité. Il devra rendre des comptes et être jugé pour son accablante responsabilité dans les morts civils des deux côtés de la frontière.
Nous appelons les cristolien.ne.s à ne jamais se résigner à l’horreur qui se déroule sous leurs yeux. La solidarité avec les peuples opprimés du monde entier est notre boussole. La liberté d’expression et le droit international sont nos armes démocratiques.
Honte et déshonneur à celles et ceux qui se taisent !
Créteil, le 9 février 2024