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Après 50 ans de lutte contre la prolifération des centrales nucléaires en France, région du monde la plus nucléarisée avec ses 56 réacteurs maintenant en fin de vie, Macron nous propose la construction de 14 centrales EPR supplémentaires. Il a annoncé le déblocage dans le cadre du plan de relance d’un milliard d’euros en vue de développer une filière SMR, petits réacteurs modulaires suffisamment compacts pour être construits en usine et assemblés sur le site final d’implantation.

Encore une fois, l’État parie sur une énergie plus coûteuse que les énergies renouvelables. Mais le nucléaire n’est pas seulement le signe de la faillite de la classe dirigeante du pays. Il exprime une vision du monde dépassée, rêvant d’une croissance sans limite et permettant de maintenir un ordre inégal et autoritaire.

Face au dérèglement climatique, il faut revenir à la raison : les voies de l’avenir sont une économie vraiment sobre et reposant sur les énergies renouvelables.

Le choix du nucléaire, un gouffre financier

Le premier EPR mis en chantier en 2007 devait durer cinq ans, pour un coût de 3,3 milliards d’euros. Il devrait finalement durer au moins dix-sept ans, pour une facture désormais estimée à 19 milliards. Il faudra trouver des financement pour ces projets : 6 EPR, plus 8 en option en 2035, soit coût de 120 milliards ( si le budget est respecté cette fois ci ).

C’est un choix de développement qui profite aux actionnaires du BTP, d’Orano (ex Areva), des lobbys très puissants, mais qui oblitère les autres projets et les financements nécessaires pour la recherche.

La construction de ces réacteurs en groupe de deux est prévu sur plusieurs sites, Penly en Seine-Maritime, Gravelines dans le Nord et certainement Bugey ou/et Tricastin sur le Rhône.

La rareté de l’eau, menace sur la sécurité nucléaire

Les nappes phréatiques nécessaires pour le refroidissement des réacteurs sont à sec et le débit des cours d’eau insuffisant. Explore 2070, étude menée par l’Office Français de la Biodiversité (OFB), prévoit une baisse moyenne annuelle du débit des cours d’eau comprise entre 10% et 40%.

Les chutes de neige vont continuer à se réduire en montagne (-20% à -40% selon les secteurs). Les pluies prendront le relais, avec des conséquences sur les périodes de fonte des neiges et d’écoulement des eaux.

Et pendant ce temps 400 millions de m3 d’eau sont prélevés dans des fleuves pour refroidir les réacteurs nucléaires.

L’été dernier, plutôt que de mettre à l’arrêt les centrales réchauffant trop les cours d’eau comme habituellement en période de canicule, EDF a été autorisée à rejeter une eau encore plus chaude dans les milieux aquatiques, sans aucun respect pour la santé et la survie des espèces endémiques. La centrale du Blayais, a rejeté dans l’estuaire de la Gironde des eaux à 10° au dessus de la normale.

La centrale de Dampierre (Loiret) peut désormais pomper jusqu’à 3 600 m3 d’eau par jour dans une nappe jusqu’alors réservée à la consommation humaine.

Le nucléaire ne sauvera pas le climat

L’objectif est de ne rien changer au mode de vie actuel, juste transformer les voitures thermiques en électrique, consommer toujours plus d‘électricité, pas seulement pour le chauffage, mais aussi pour la climatisation, et pour l’internet de loisirs, films ou infos en boucle…

EDF assure que la durée de construction d’un réacteurs est de 10 ans (il faudra faire mieux que pour l’EPR de Flamanville qui accuse un retard de plus de 10 ans !), mais il faudra ajouter sans aucun doute les enquêtes, les recours et les échecs technologiques !

Clairement, nous n’avons pas ce délai pour agir.

Le nucléaire n’assure pas l’indépendance énergétique

Les données publiées par Eurostat, l’organisme statistique européen, le taux d’indépendance de la France était, de l’ordre de 13,5 % Bien loin, donc, de la valeur annoncée par l’Insee et des affirmations de l’Élysée 51 %.

L’uranium est importé en totalité depuis 2003. Et, en 2020, il provenait à 90 % de pays sous influence russe, Ouzbékistan, Kazakhstan ou chinoise. Le reste provient d’Australie.

Mais ce n’est pas tout. Pour alimenter les réacteurs nucléaires français, des assemblages combustibles sont importés d’une usine en Allemagne, alimentée en hexafluorure d’uranium par la Russie. L’exploitation est sous licence Westinghouse (maintenant Cameco) société Américaine.

Bonjour l’indépendance !

Le nucléaire n’est pas sûr à court terme et catastrophique à long terme

En France nous serions à l’abri d’un Fukushima, ou d’un Tchernobyl, dont le nuage radioactif n’a évidemment jamais survolé le pays ! Mais le risque zéro n’existe évidemment pas et les conséquences d’un accident nucléaire sont incommensurables pour le territoire touché et ses habitant.e.s.

Les poubelles nucléaires débordent, mais c’est pas grave on va enfouir les déchets les plus radioactifs du pays pour des centaines de milliers d’années à Bure, dans la Meuse, sur le site de CIGEO. Nul ne sait ce qu’il en adviendra même dans 30 ans !

En Allemagne le stockage en profondeur vire au désastre, le site de Asse, présenté comme une solution simple et peu coûteuse. 126.000 barils de déchets faiblement et moyennement radioactifs y ont été entreposés à 700 mètres de profondeur. Le sel suffirait à protéger les fûts pour des millions d’années.

Mais la mine s’est fissurée. Plus de 12.000 litres d’eau salée s’y écoulaient chaque jour, menaçant d’entrer en contact avec la matière radioactive et de contaminer les nappes phréatiques Des fûts se sont écrasés les uns contre les autres sous l’effet des mouvements géologiques. Le projet de coffrage en béton jugé hasardeux En 2009, le gouvernement fédéral a décidé de démanteler le site. l’extraction des fûts, et leur stockage temporaire à quelques kilomètres de là, sur le site de Konrad est décidé.

Coût estimé pour le contribuable allemand : jusqu’à dix milliards d’euros.

Des alternatives nécessaires pour sortir de l’impasse du nucléaire

Il faut en premier lieu promouvoir la sobriété énergétique : consommer moins pour vivre mieux !

La France insoumise préconise une sortie progressive du nucléaire d’ici 2050, pour cela il faut démanteler les centrales nucléaires existantes et geler la construction de nouveaux EPR.

L’objectif est de remplacer les énergies fossiles par des énergies renouvelables. La France Insoumise adopterait le scénario NégaWatt « mix 100 % énergies renouvelables » qui repose en majorité sur l’éolien et le photovoltaïque en couplant ces énergies à une société plus sobre et à l’efficacité énergétique.

Afin de compléter ce scénario, notre mouvement préconise de miser également sur les énergies marines : éoliennes en mer, hydroliennes, géothermie,…

Afin de réussir cette bifurcation énergétique, il faudra créer un pôle public de l’énergie capable d’organiser cette transition notamment à travers des incitations étatiques qui permettraient de diriger les flux financiers vers des investissements verts visant à développer les énergies renouvelables et l’économie de la mer.

Cela permettrait à la fois de réindustrialiser le pays et de susciter un nouveau rapport respectueux de l’océan et de ses ressources.

Afin d’atteindre l’objectif du 100% renouvelable, il est nécessaire de se doter d’un conseil national de la qualification professionnelle qui permettrait de créer de nouvelles filières et d’adapter les filières actuelles aux nouveaux métiers de demain.

Il s’agira également de former les salarié-es du nucléaire et des énergies fossiles, déjà hautement qualifiés pour assurer leur reconversion et leur contribution au défi de la bifurcation énergétique. Effectivement, les savoir-faire des travailleurs et travailleuses du nucléaire seront essentiels à la planification et au démantèlement des centrales nucléaires pour tourner la page du nucléaire et créer un avenir énergétique respectueux de la planète et des hommes.