Pour l’avenir de Créteil, notre programme éco-socialiste – Créteil, le 6 mars 2020
Les élections municipales semblent parfois un peu éloignées des grands enjeux qui traversent actuellement notre société et qui sont le fruit des impasses du capitalisme : dérèglements climatiques, réforme des retraites, menaces de guerre, crise financière, démantèlement des services publics …
Pourtant, ces élections de l’année 2020 sont à un moment charnière de la vie démocratique de notre pays. A Créteil tout particulièrement, la liste citoyenne ‘Créteil, l’avenir en commun’ pourrait faire basculer de vieux équilibres et montrer la voie d’un nouveau projet politique.
En effet, nous pensons qu’il est possible de renouveler la politique et de s’appuyer sur les avancées locales pour participer à l’émancipation de toutes et tous. Des solidarités peuvent se construire à l’échelle d’un quartier ou dans la reprise en main des réseaux qui structurent notre vie : énergies, transport, communication, alimentation … Il faut s’appuyer sur ces dynamiques sociales pour engager la transformation de nos modes de vie au quotidien.
En ce sens, le productivisme, intrinsèquement liée au consumérisme qu’incarne le mégacentre commercial de Créteil Soleil, doit être définitivement remisé aux oubliettes de l’histoire. En participant au grand déménagement du monde il est incompatible avec la survie de la planète et produit ici et là-bas des régressions sociales permanentes. A notre niveau et pour agir dès maintenant, il faut appuyer les revendications de droits collectifs pour les salarié·e·s du centre commercial : local syndical, restauration collective, rétablissement du repos dominical … A moyen terme, il faut réfléchir à la requalification de ces milliers de mètres carrés dédiés à la consommation et se réapproprier cet espace public au cœur de la ville.
La gestion des déchets est le revers de la médaille de ce modèle de société productiviste. Il faut stopper le projet anachronique du troisième four de l’incinérateur qui conduirait à brûler 120 000 tonnes de déchets supplémentaires sur la ville de Créteil. Le Val-de-Marne assume déjà 25 % de l’incinération des déchets de la région alors qu’il ne représente que 12 % de la population, cherchez l’erreur … ces inégalités environnementales ne sont plus supportables, ni justifiables. L’association Affamons l’incinérateur de Créteil (ALIC) mène ce combat en lien avec le Collectif 3R mobilisé contre l’incinérateur d’Ivry. Nous nous appuyons sur ces luttes écologiques pour proposer un autre modèle de société.
Par ailleurs, un pouvoir communal éco-socialiste mettra un coup d’arrêt à la privatisation des biens communs. En cela, la bataille pour la régie publique de l’eau est centrale dans cette campagne car le contrat entre la ville de Créteil et la multinationale SUEZ arrive à échéance en 2021. Nous devons rejoindre le vaste mouvement de municipalisation de ce bien commun vital. C’est aussi de l’écologie populaire car il est démontré que cette reprise en main conduira à la baisse des factures de tous les habitant·e·s.
En matière urbaine, Créteil n’est pas sortie pour une large part de l’héritage gaullien étatique du tout voiture, le transport étant la première source de gaz à effet de serre. Or, la place de la voiture est également un élément discriminant important car bien des ménages n’ont pas les moyens d’entretenir une voiture alors que celle-ci monopolise une majorité de l’espace public, au détriment des modes de déplacements plus économiques et plus écologiques. La gratuité des transports publics est évidemment un objectif à réaffirmer dans le cadre d’un projet éco-socialiste.
De manière plus générale, en se retournant sur l’histoire urbaine de Créteil, on peut distinguer quatre phases du développement urbain de la ville. Une première phase se situe avant les années 60 avec le noyau urbain du village de Créteil auquel s’adjoint les logements sociaux du Mont-Mesly à la fin des années 50 et les Bleuets en 1962. Ces deux quartiers forment encore aujourd’hui les piliers du patrimoine des logements sociaux de Créteil. En 1965, le Général Billotte, comme il le formule lui-même, veut avec le « Nouveau Créteil » donner son Versailles au Général De Gaulle avec un objectif d’atteindre plus de 100 000 habitants. A partir de 1977, avec l’élection de Laurent Cathala toujours en place, une tentative de municipalisme socialiste est mise en place qui dérive rapidement vers le modèle dominant de la ville néolibérale, où la ville est essentiellement construite par les promoteurs immobiliers.
Le dernier grand projet inutile en date de gratte-ciel « L’arbre de vie » est symptomatique de cette évolution. Elle est encouragée par l’arrivée de la ligne 15 du Grand Paris qui aiguise les appétits des spéculateurs immobiliers. C’est pourquoi il faut mettre en urgence en place l’encadrement des loyers pour préserver l’identité populaire de Créteil.
Aujourd’hui, pour remplacer ces projets urbains usés, un nouveau municipalisme éco-socialiste est possible en s’appuyant sur les luttes urbaines, sociales et écologiques. Entre l’état et le marché, la commune peut ouvrir des perspectives d’émancipation sociale et écologique. Si les cristoliennes et les cristoliens le décident, Créteil pourrait incarner ce modèle de ville écosocialiste.
Ce projet va de pair avec une refonte totale de la démocratie locale. David Harvey, géographe britannique souligne dans un ouvrage de 2010 intitulé Géographie et capital : « Il est impératif de travailler à la démocratisation du droit à la ville et à la construction d’un large mouvement social pour que les dépossédés puissent reprendre le contrôle de cette ville dont ils sont exclus depuis si longtemps, et pour que puissent s’instituer de nouveaux modes de contrôle des surplus de capital qui façonnent les processus d’urbanisation. Henri Lefebvre avait raison de souligner que la révolution serait urbaine, au sens large du terme, ou ne serait pas. »
Aussi, nous proposons des outils de reprise en main du pouvoir démocratique nécessaire pour accompagner cette révolution citoyenne : révocation des mandats, référendum d’initiative citoyenne, budgets participatifs, appui technique et droit à l’expertise indépendante, création d’ateliers urbains …
L’enjeu est ainsi pour nous de dessiner une alternative démocratique, sociale et écologique, à partir de l’échelle locale, contre le régime néolibéral autoritaire de Macron et les perspectives brunes du Rassemblement National. Sans céder au catastrophisme, l’éco-socialisme est une voie de sortie par le haut de la crise démocratique, sociale et écologique.
Thomas Dessalles, tête de liste de la liste citoyenne « Créteil, l’avenir en commun » soutenue par la France Insoumise