Quand l’engagement donne sens à la vie…
Historiquement, les révolutions et les avancées démocratiques sont basées sur des révoltes liées à l’impôt. Ainsi en 1789, les hommes et les femmes forcèrent les nobles et l’église à payer leur part, enfin !
L’impôt n’est tolérable que lorsqu’il est juste, quand il porte en lui des exigences : un hôpital rassurant à l’écoute de ses patients, des écoles avec des professeurs bien formés offrant une ouverture sur la culture et le monde, des routes gratuites et non payantes comme au moyen âge…
Sur les points de blocage en France en discutant avec les gens, il y avait donc beaucoup d’autres revendications. C’est normal après des années aussi violentes qui ont vu la remise en cause des acquis démocratiques dans le monde du travail, de l’école et de la sécurité sociale, de la retraite. Même si le mouvement va prendre d’autres formes les personnes mobilisées, souvent en retrait depuis bien longtemps car lasses des manifestations sans succès, des luttes politiques et syndicales intestines ont repris le contrôle de leur vie, ont exprimé la volonté d’une société plus égalitaire.
La mobilisation donne sens à la vie, ce sentiment d’exister c’est ce que toutes ces personnes mobilisées ont dû ressentir. La mobilisation c’est la rencontre, l’échange, et la confirmation que l’on n’est pas seule à ressentir la violence des politiques mises « en marche » et donc que l’on peut enfin faire bouger les choses. Toutes les mobilisations importantes ont mené à des progrès, c’est historique et mathématique ! Bon courage à tous, restons mobilisés dans l’échange et la confiance dans l’action collective.
Un témoignage…
J’ai rencontré un groupe de jeunes Tarnais . Tout à l’heure sur le quai du métro. Ils avaient fait route une partie de la nuit et du matin. Ils étaient partis à deux voitures pour venir manifester à Paris. Ils vivent tous dans la galère mais ils s’organisent. Un avec un bout de terre et quelques ruches. Deux autres ont fait les dernières vendanges, d’une boîte d’intérim ils prennent tout ce qu’on leur donne comme travail. Ils ont vingt ans. Un autre n’avait pas dit à sa maman qu’il allait à Paris manifester. Certains ont de beaux moments à raconter. La préfecture d’Albi, ils y étaient. On est tous descendus à Bastille on savait que ça chauffait trop sur les Champs. La manif depuis Bastille en passant par le centre de Paris a connue quelques flottements, quand on a tourné vers le Châtelet on étaient rejoints par un long cortège qui refluait de la concorde vraisemblablement. Place de l’Hôtel de ville quand ça a gazé fort, des militants aguerris ont conduits les quelques milliers que nous étions dans le marais. Par la place des Vosges nous avons rejoints le cortège syndical. À nouveau à Bastille .Le cortège syndical s’est élancé par la rue de Lyon. Je suis rentrée. Les jeunes Tarnais ont été accueillis pour la nuit chez des Insoumis de Créteil. Et ça c’est notre fierté.
Odile
Un poème…
Pour Mathilde, Pascal, Yoan, Cédric et Thomas, un groupe de gilets jaunes accueillis en ce soir du 2 décembre , an I de la révolte….
Ils sont arrivés du Tarn
C’est la France qu’ils incarnent
Fatigués de leur voyage
Avec pour seul bagage
L’envie enfin d’exister
L’envie enfin de décider
Gazés, les yeux rougis
Pas question d’être soumis
Même face à la violence
Plus question de faire silence
Oh Oui, vous pouvez trembler
L’injustice nous a rassemblés
Transformés en combattants
Contre vous les charlatans
Pas question qu’on nous désarme
Pour nous c’est la fin des larmes.
Jessie